Le soleil brille. Le ciel est d’un bleu éclatant. Le vent souffle délicatement sur les feuilles des arbres qui produisent une sorte de cillement. Malgré les bruits de la ville, les alentours sont pourvus d’un léger calme. Tout laisse prétendre qu’aujourd’hui est un jour parfait, et pourtant…
Les mots ne sont que des mots. On les entend et meurent au bout de quelques instants. Mais qu’en est-il des lettres? Des lettres où chaque mot et chaque virgule sont indispensables à l’autre. Chaque coup de plume délicatement pesé démontre l’éloge de son message. L’écriture est une chose qui peut, contrairement à la parole, perdurer et éveiller les gens qui la lira. Mais que devient le prestige des mots si une lettre en venait à être égarée. Leur grâce deviennent-elles comme de vulgaires paroles qui finissent par mourir avec celui qui les prononce?
Noir. Noir terre, noir brûlé ou noir vieilli. Je ne sais comment le d’écrire. Une lettre et un coffre. C’est tout.
9 août 1759
Les bombardements ne cessent de se faire entendre. Il ne me reste peut-être peut de temps. Les artilleries anglaises ne tarderont pas à détruire la ville. Nous sommes pris au piège.
Bien que je suis qu’un pauvre marchand, je tiens à dissimuler mes quelques objets de valeur pour ne pas qu’ils tombent dans les mains des anglais. Ici même, à la place royale, où j’ai passé ma vie à travailler au marché, je vais y laisser mon héritage.
Si quelqu’un trouve un jour cette lettre, sachez qu’à deux pas où vous avez le coffre, se tenait une église. Si elle venait à être complètement détruite, vous devez savoir que l’église Notre-Dame-des-Victoires a été construite sur le berceau de la Nouvelle-France.
À mes descendants, si cette lettre et ce coffre parviennent un jour à vous, c’est que l’espoir aura persisté et que mes prières auront été entendues.
Adieu
Jean-Batiste Lévesque
Les passants me jettent maintenant des regards. Peut-être ai-je l’air perdu, angoissé ou troublé? L’être humain est un joyau. Il a le pouvoir de dissimuler des secrets au plus profond de lui-même sans jamais que cela ne paraisse.
C’est en ce jour que j’ai compris l’importance de l’histoire. Les mots sont peut-être les seules preuves de notre passage sur terre. Autant que les paroles, les mots ne sont qu’accessoire. Ils nous poussent à ressentir, à comprendre et à évoluer. Peut importe les objets. La plus grande richesse de l’humain est de ressentir et c’est la seule chose réelle que nos ancêtres peuvent nous transmettre.
C’est alors que j’ai compris que l’humain sera humain tant qu’il y aura de l’espoir.
Stéphanie Lévesque-Vallée
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